Manipulation

Hypnose et Programmation Neuro-linguistique PNL

Si quelqu’un vous dit: “puis-je te donner un bon conseil? ” et attend poliment votre réponse, probablement accepterez-vous  l’offre volontiers. Si cette même personne vous dit:” tu ne sais pas ce qui est bon pour toi!” en regardant avec une petite moue juste au-dessus de vos yeux, vous allez probablement vous sentir écrasé par ce double-message verbal et non-verbal.

C’est par les livres de Hirigoyen et Nazare (voir livres) que j’ai été sensibilisé au phénomène de la manipulation. Cependant c’est ma formation en PNL qui m’en a fait vraiment comprendre les ressorts: la manipulation est tout d’abord affaire de rhétorique. Finalement ce sont les ouvrages respectifs de Messinger et Pease sur la communication non verbale, qui m’ont donné des renseignements supplémentaires.

Rhétorique
Comment parlent les manipulateurs? Bandler et Grinder, les inventeurs de la PNL (Programmation Neuro Linguistique) ont montré que les gens utilisent systématiquement trois procédés pour manipuler le langage:

  1. L’oubli ou l’effacement (ang. deletion). Dans la phrase: “tu ne sais pas ce qui est bon pour toi“, votre interlocuteur aura évité de dire “mais moi je le sais”. Il ne dit pas non plus de quoi il s’agit, ni de ce que celà veut dire: être bon. Il est inattaquable, car il n’a pas attaqué. Par l’ellipse et l’allusion, le manipulateur travaille dans l’ombre.
  2. La généralisation. “Tout le monde sait que …“.”Les hommes ne pensent qu’au sexe” ” Les suisses-allemands ne savent pas rire“. Le racisme et le nationalisme travaillent ainsi: “je vais vous raconter une plaisanterie belge (ils n’y comprennent rien), suisse (ils sont lents), français (ils ne pensent qu’à la bagatelle)”, bref… on rit d’avance n’est-ce pas.
  3. La distorsion.” Tu regardes les autres femmes, donc tu ne m’aimes pas”. “Vous n’allez pas à l’apéro de service, vous n’êtes pas un team-player!”. Des équivalences sont placées, qui sont difficiles à réfuter sans donner l’air de se défendre.

En PNL le “Metamodèle” fournit des “questions intelligentes” pour démonter la construction abusive. En général il suffit de demander qui, quoi, où, quand et comment pour lever bien des incertitudes. “Qui dit çà, comment le sais-tu,… Est-ce que tous les Suisses sont toujours lents? Qu’entendez-vous exactement par “team-player”? Vous dites que c’est une personne difficile: en quoi, depuis quand, est-il toujours comme ça?” Ces questions, dont il faut user avec parcimonie pour ne pas énerver son entourage, suffisent souvent pour calmer le dialogue et revenir aux faits.

Si c’est possible ne pas hésiter à utiliser l’humour ou l’absurde:

  • “Tu ne sais pas ce qui est bon!” Dire: “alors toi tu le sais et tu vas me le dire illico!”
  • “Tout le monde sait … ” Dire: ” ah, et puis c’est maintenant que vous le dites … ” (l’air faussement furieux) ou bien ” C’est vrai que de nos jours, avec l’internet, les bruits courent très vite …” (l’air blasé).
  • “Les hommes ne pensent qu’au sexe!”  Dire: “Même lorsqu’ils partent à la chasse?”

Gestique
Il y a des gestes qui manipulent et il y a des gestes qui dévoilent le manipulateur.
Exemple: une patiente vient pour son deuxième rendez-vous un quart d’heure en retard, me donne la main par le haut et parsème son discours de geste de l’index tendu dans ma direction. Je suis averti: elle ne pense pas grand chose de moi! Elle qui est venue se plaindre. Je me contente de l’écouter en lui renvoyant discrètement ses gestes en miroir. Au bout de vingt minutes, je la prend en flagrant délit: “Je vois que vous aimez bien chicaner les gens au bureau!” dis-je en riant. Elle rit à son tour. Je lui interprète en passant, sans faire de morale, ses gestes et son retard. Je suis à l’aise. Je n’ai pas d’attente. Elle décide de revenir.

La manipulation est-elle toujours mauvaise?
Milton Erickson, un des thérapeutes les plus géniaux du XXème siècle l’utilisait systématiquement pour dévier les résistances de ses patients et leur permettre d’avoir accès à leurs ressources intérieures: “Toutes ces ressources dont tu n’as pas encore pris conscience,…”,” Je me demande quand vous remarquerez, à quel point vous avez déjà fait des progrès importants”. Il utilisait des métaphores de croissance (arbres), d’apprentissage naturel  (enfants qui apprennent à marcher), des contes ou des anecdotes, qui sans peine amenaient le sujet à trouver des bonnes solutions.” Comment allez-vous remarquer que vous êtes déjà sur le bon chemin?“. Mais plutôt que de suggérer une solution définie, il ne suggérait que l’idée de changement, laissant respectueusement l’inconscient du patient trouver lui-même la meilleure voie.

Pour résumer, nous constatons qu’il existe une rhétorique hypnotisante permettant de manipuler les gens pour leur bien ou pour leur mal. Il faut bien reconnaître que la TV, les journaux, la réclame et les politiciens nous hypnotisent du matin jusqu’au soir. La manipulation est donc un outil, comme l’est le marteau ou la tenaille. A nous d’apprendre à bien l’utiliser: interdiriez-vous à vos filles d’apprendre le karaté pour se défendre ? (Oups, j’ai de nouveau manipulé!)

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